MONASTÈRE SAINTE-CLAIRE

Les Clarisses à Ronchamp

 
 
 
 
 
 
 

Dix ans sur la colline

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Il y a 10 ans, le 8 septembre 2011,

jour de pèlerinage à Notre-Dame du Haut,

notre monastère était béni par Mgr Lacrampe, archevêque de Besançon

et inauguré en présence de son architecte, Renzo Piano.

 

Cette année anniversaire sera jalonnée de différentes manifestations.

 

En voici quelques échos.

 

 

 


 

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Célébrer dix ans de vie au monastère de Ronchamp,

les 11 et 12 septembre 2021

Une eucharistie festive dont voici quelques extraits :

 

de l’ Evangile selon Luc 6, 47-48 :

Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique,

ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et

il a posé les fondations sur le roc.

 

de la prière universelle :

Sable ou roc ? : C’est toi Seigneur qui sais sur quoi nous avons bâti notre maison. Notre désir, notre espoir, notre recherche, c’est de l’avoir bâtie sur le roc, le roc qu’est ton Fils Jésus le Christ. Aussi nous sommes racines, comme nous l’a écrit si joliment un visiteur, racines de la chapelle, racines de la communauté à venir.

Fais de nous des racines, heureuses de faire monter la sève de l’Esprit Saint.

 

de la lettre de mission de l’archevêque Jean-luc Bouilleret à notre communauté :

La communauté des clarisses est une présence priante permanente. Les pèlerins et visiteurs de la colline à Notre-Dame du Haut peuvent bénéficier de la liturgie offerte par la communauté des sœurs. Pour ceux et celles qui désirent un temps à l’écart, pour se ressourcer, la communauté offre un accueil qui s’exerce dans la sobriété de la tradition franciscaine sous le regard bienveillant de saint François d’Assise et de Sainte Claire.

La communauté sera attentive à la mise en œuvre d’une écologie humaine intégrale monastique.

Vous saurez entretenir des relations cordiales avec tous les acteurs de la vie de la colline et être partie intégrante d’une pastorale de paroisse, de doyenné et de diocèse.

« La joie de l’évangile remplit le cœur et toute vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement » (Evangelii Gaudium) Puissiez-vous vivre de cette joie rayonnante !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une conférence à 3 voix sur l’ « Habitat a minima »

par  Jean-Jacques Virot, président de l’AONDH, sœur Brigitte, abbesse du monastère

et Paul Vincent, architecte en charge du projet Ronchamp

 

- Aménager l’espace intérieur des maisons en tenant compte de la lumière, du dedans et du dehors, et de l’espace nécessaire. Par exemple les chambres des sœurs,  ont un volume minimum en ouverture sur la forêt.

 

- Dépouiller notre habitation intérieure personnelle et notre cœur profond de tout ce qui les encombre permet de vivre en ouverture à l’autre et au tout Autre, en ayant en soi-même fait place à la rencontre.

 

- Choisir une nouvelle architecture « vertueuse » et faire confiance aux jeunes générations en quête d’habitat plus convivial, plus respectueux de la nature et plus solidaire. Vivre heureux dans un chez soi qui nous confère notre dignité.

 

 

 

 

Monsieur le Corbusier découvrant le monastère :

Jean Winiger, homme de théâtre suisse, véritable sosie de ce grand architecte connaît bien ses écrits. Il nous parle comme s’il était Le Corbusier en personne :

Je sais l’audace qu’il vous a fallu, chères sœurs clarisses, je sais vos combats, votre travail, M. Renzo Piano et sœur Brigitte. Mais vous le saviez : "La joie de l’artiste, c’est de vaincre, d’aller jusqu’au bout. Vous le saviez : L’architecture est au-delà des choses utilitaires. Vous avez osé et voulu créer, osé chanter, osé éprouver la joie de l’artiste qui est de vaincre. ..Face aux forces de l’argent, vous avez eu la joie intime et profonde : créer. Une force qui se développe jour après jour, et qui atteint son but." Soyez en remerciées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Portes ouvertes :

Beaucoup de visiteurs eurent la joie de connaître ou revoir nos lieux de vie si lumineux.

 

 

 

Pour ne pas conclure :

Le 13 septembre, ce fut le retour au quotidien avec la joie au cœur et un nouvel élan pour veiller dans la prière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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Méditations sur RCF Besançon

 

du lunid 7 septembre au dimanche 12 septembre,

la prière du matin à 9h sera conduite par des clarisses de Ronchamp.

 

Ce lundi 30 août 2021, Isabelle Jouffroy de RCF est venue faire les enregistrements.

 

voici le lien : https://rcf.fr/vie-spirituelle/priere-1

 

 

 

 


 

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   Soeur Marie-Claire présente son poème

 

 

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   Duo pour violon et violoncelle...

 

   très apprécié par le ciel

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   Tous les acteurs du parcours saluent :

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M4H le 6 août 2021

Colette de Corbie

Parcours musical et poétique

Le temps de la mesure,

la mesure du temps,

il n’est pas évident

de commenter ces mots abstraits.

Mais j’ai rencontré

une amie d’autrefois,

une amie de toujours :

Colette de Corbie

qui va vous partager

les rythmes de sa vie.

 

Depuis Claire d’Assise, du XIII° eu XV°,

les siècles ont passé,

et trop souvent le chaos s’est installé,

brouillant les pistes, inversant les valeurs.

Perte des repères et de toute mesure,

ce qui faisait souffrir les plus valeureux.

Colette de Corbie, en Picardie, était de ceux-là,

cherchant sa voie, recluse en ermitage,

visitée tout à la fois par le ciel et par les démons.

En son quinzième siècle tourmenté, décadent,

elle a conçu la Réforme

des sœurs de sainte Claire, des frères de François.

Il fallait redonner sens à la prière,

la pauvreté, la vie fraternelle en retrait.

Elle a mesuré à nouveau

le prix de la vie, ses enjeux spirituels,

et le pape Benoit XIII

a confirmé ce projet : Tout était donc à faire.

 

Il fallait redonner corps

à l’intuition évangélique de sainte Claire,

mais prendre aussi de nouvelles mesures

en fonction du temps,

car les temps ont changé :

Ce qui valait hier est caduque aujourd’hui,

ce qui était impensable devient réalité...

Utopie créatrice.

Colette a su donner un cadre solide,

une forte inspiration

pour résister en temps de guerre,

cette guerre qui dura cent ans,

dans une Église qui peinait tant

à retrouver son unité.

 

Contemplative de haut vol, toujours en voyage

sur des routes peu sûres, infestées de brigands,

telle fut sainte Colette

au royaume de France, en Flandres, au Palatinat.

De son vivant dix sept monastères

ont vu le jour ;

les voix, à nouveau, se sont élevées

pour louer le Créateur,

couvrir d’un manteau de prière

les terres désolées,

raviver le feu qui couvait sous la cendre.

Sillage de lumière, symphonie encore inachevée

d’espérance et de joie :

Musique aux quatre horizons.

 

De cette foi en actes est né ce monastère,

jeune pousse nouvelle d’un arbre séculaire,

création pour aujourd’hui

de Claire, de Colette et de l’Esprit divin,

de tous les saints de nos pays

et de nous tous ici rassemblés

dans la beauté, dans la ferveur.

Jubilation de tous les sens offerts

à la mesure et démesure,

pour accueillir en grâce

les talents prodigieux,

l’élan fougueux des musiciens

comme une approche,

comme un écho

de l’infini d’Amour

au-delà du temps.

 

Nous fêtons cette année les 10 ans de notre monastère !

Qu’est-ce que cela au vu des siècles

et de l’éternité ?

Mais la mémoire des débuts

est riche en potentialités.

Nous mesurons le temps,

mais le temps nous dépasse.

 

Le temps de la mesure

n’est plus le nôtre :

Il nous faut désormais

surfer sur l’incertitude

et l’insécurité,

d’une vague à l’autre

sans peur,

avec agilité,

dans la confiance

à l’exemple de François.

 

C’est le propre de l’Esprit

qui nous porte et nous guide.

ALLELUIA !

 

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soeur Marie Claire


 

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   "Les matériaux se chargent de poésie en vieillissant..."

 

 

 

 

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   Un public attentif...

 

M4H Conférence à Besançon le 5 août 2021, au centre diocésain

« La mesure du temps - le temps de la mesure »

 

Architecture, Spiritualité et Musique sont liées tout au long de la semaine de Musique aux horizons sur la colline de Ronchamp. Une trilogie qui se révèle particulièrement lors des conférences en musique. Cette année 2021, pour célébrer le dixième anniversaire de la présence des soeurs clarisses au pied de la chapelle Le Corbusier, l’une des conférences a eu lieu à Besançon, comme un retour aux sources pour cette aventure humaine. En 2011, après six années de réflexion, de débats, de conflits acérés et de rencontres fructueuses, les clarisses de Besançon quittaient leur havre de paix pour fonder un nouveau monastère sur la colline de Ronchamp. « Un risque pour la vie » qui, dix ans plus tard, se révèle réussi. 

 

C’est en référence à cette aventure que l’association Les 4 horizons a souhaité organiser une conférence et un concert à Besançon. Le centre diocésain avec sa chapelle et son auditorium était le lieu parfait pour ces événements. 

« La mesure du temps - le temps de la mesure »

Juste avant le concert, pendant un peu moins de deux heures, les trois conférenciers de Musique aux 4 horizons ont partagé leurs réflexions construites à partir du thème retenu pour ce 10e anniversaire : « La mesure du temps - le temps de la mesure ». Trois interventions complémentaires.

 

Paul Vincent, architecte ex-associé de Renzo Piano qui a piloté la construction de la porterie et du monastère de Ronchamp, a proposé d’ « explorer ensemble la ville heureuse ». C’est le temps de la mesure.
A partir de son expérience sur des projets aussi célèbres que le centre culturel Jean-Marie Tjibaou en Nouvelle-Calédonie, l’architecte rappelle que pour « produire de la qualité, il faut du temps ». Près de Nouméa, L’équipe de Renzo Piano a conçu une architecture basée sur la ventilation naturelle après avoir étudié la circulation des vents et la course du soleil. À Amiens, Paul Vincent raconte que des bâtiments universitaires peuvent aussi avoir des usages ouverts aux habitants. « L’avenir de la ville, c’est de la réouvrir à tous ! » affirme l’architecte.

 

Cinq ans pour un projet, petit ou grand

 

Comme en écho à cette exigence, Jean-Jacques Virot, architecte et président de l’AONDH, l’association propriétaire de la colline, partage une anecdote : Lors des nombreuses réunions de travail pour la construction du monastère et de la porterie, Renzo Piano disait que pour les grands projets, il fallait cinq ans entre la commande et la livraison. Et, pour les petits projets, comme Ronchamp, il fallait … cinq ans. Il y a un temps incompressible. 

 

Prendre le temps, explique Paul Vincent, « c’est se poser des questions ensemble. Personne n’est capable de construire seul ». La ville a besoin d’habitants, d’élus, d’architectes, d’artistes, de paysagistes qui oeuvrent collectivement. Paul Vincent milite pour une « maîtrise d’oeuvre pluridisciplinaire » partageant la conception des projets. « Le promoteur est d’ailleurs en train de réapprendre son métier ». 

 

Le temps des arbres

 

Ce temps nécessaire pour construire un projet de qualité a été pris à Ronchamp. A mi-parcours, Renzo Piano a repensé totalement son projet. Le temps prend une dimension particulière quand il s’agit d’imaginer le paysage de demain. C’était le travail de Michel Corajoud rappelle Jean-Jacques Virot. Le paysagiste Michel Corajoud a souvent travaillé avec Renzo Piano. Pour la colline de Ronchamp, il est intervenu pour rééquilibrer végétation et architecture. Un travail au long cours. Le temps des arbres n’est pas celui des hommes. Michel Corajoud savait qu’il ne verrait pas l’aboutissement de son travail. Malade, il savait qu’il serait mort trop tôt pour voir le paysage qu’il avait remodelé dans sa plénitude. « Tout cela est neuf » confiait-il à Jean-Jacques Virot au moment de la construction. Aujourd’hui, cette architecture « neuve et clinquante » se « fatigue comme une patine » remarque Jean-Jacques Virot. « Des traces de vie apparaissent sur les chaises en bois de l’oratoire, poursuit l’architecte. Les matériaux se chargent d’une poésie en vieillissant. » 

 

L’éternité devant soi

 

Avec ce projet de Ronchamp, la mesure du temps prend toute son ampleur. « Quand on vieillit, estime Jean-Jacques Virot, notre propre corps devient un outil de mesure. Dix ans… Si on multiplie par cinq ou six ce temps, on arrive à notre vie. « Il faut revenir à la notion de durée dans les projets, surtout quand on intervient sur des lieux de vie, insiste l’architecte. Maintenant, il faut transmettre les valeurs de la colline. « Une présence permanente qui rend la colline habitée » conclut Jean-Jacques Virot. 

 

Cette présence permanente, c’est justement l’« utopie créatrice » des soeurs clarisses précise Soeur Brigitte, abbesse des clarisses de Ronchamp. « Nous ne mesurons pas le temps, le temps donné ne se mesure pas. Cette rencontre sans mesure, c’est celle avec Dieu. Pour soeur Brigitte, on ne mesure pas l’éternité qui n’a ni commencement ni fin. En partant de Besançon pour Ronchamp, les clarisses savaient qu’elles prolongeaient l’engagement de sainte Claire et de sainte Colette. « L’intuition était la bonne » estime soeur Brigitte. Quatre soeurs venues d’Europe ont rejoint la communauté depuis 2011. Le temps ne s’arrête pas là. La « feuille de route » pour les dix prochaines années ne s’arrête pas là. Les religieuses ont l’éternité pour être les « racines cachées de la chapelle, porteuses de vie » comme l’avait si bien compris l’une des premières visiteuses du monastère. 

 


 

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   Une eucharistie solennelle à Notre-Dame du Haut

   en l'honneur de sainte Colette

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Fête de sainte Colette, le 6 mars 2021

Homélie du frère Jean-Paul Arragon, franciscain de Paris :

Un petit détour par Saint Damien !

Par amour de François et par amour de Claire !

 

Par amour de François !

C’est là qu’il fut visité par le Seigneur et rempli de ses consolations.

C’est là que, dépouillé de tout, il reconstruisit l’église.

C’est là qu’il quitta complètement le monde.

C’est là qu’il prophétisa au sujet de Claire et de ses sœurs[1].

 

Par amour de Claire !

C’est là quelle se fixa, avec ses sœurs, pour vivre l’Evangile.

C’est là qu’elle mènera le combat pour sa forme de vie.

C’est là qu’elle aimera le Seigneur et servira ses sœurs avec beaucoup de délicatesse.

C’est là qu’elle vivra sa pâque, tenant en main la Règle approuvée.

C’est de là, aussi, que la communauté partira pour rejoindre Assise.

 

Sainte Colette redonne le goût de cette vie évangélique, aux couleurs de Saint-Damien, avec sa radicalité, son audace et sa confiance.

 

Sa radicalité,

Au sens étymologique, ses « racines ».

Jésus invite à creuser très profond[2] pour poser de vraies fondations. Cette profondeur est d’abord celle de la Parole de Dieu, de l’Evangile, écoutée, célébrée et mise en pratique. Cette profondeur est celle de la Règle de Claire retrouvée, restaurée pour être vécue sans concession, sans demi-mesure.

« Observer » le saint Evangile. Dans le grand mouvement de l’observance, en ce début du XV° siècle, Colette saura susciter l’enthousiasme, la générosité.

La réforme creusera les fondations d’une vie toute ouverte à l’œuvre de Dieu. « La réforme est l’œuvre du Tout-Puissant » dira Colette à la fin de sa vie.

La fondation de la construction n’est pas d’abord celle d’un lieu mais d’une vie qui devient habitation de Dieu. Colette ne s’est pas attachée à un lieu. Elle s’est attachée à une vie menée par l’Esprit-Saint.

 

Son audace.

L’évocation de Judith[3] nous rappelle cette audace née de la foi. « Tu as risqué ta propre vie » lui dira Ozias quand elle reviendra du camp ennemi avec son trophée ! Risquer sa vie ! Oser risquer sa vie ! Jésus, le Christ, aimera proposer ce même risque et cette même audace à ceux et celles qui le suivent. Lui-même ne retiendra pas sa vie mais l’offrira comme un cadeau d’amour pour la vie de tous les hommes.

L’audace de Colette nous éblouit ! Faire profession, entre les mains du Pape, à Nice-Cimiez, et partir sur les routes pour fonder ou refonder, créer des communautés, susciter la vie et la réponse généreuse.

Une audace qui n’enferme pas mais qui ouvre à la vie.

 

Sa confiance.

« C’est du Tout-Puissant et de lui seul qu’il faut tout attendre… Depuis le jour où j’ai été investie de cette mission, dit Colette, en tout ce que j’ai fait, je n’ai rien fait de moi-même… » La confiance de Colette, comme celle de Judith et comme celle de la plupart des amis de Dieu, n’est que l’écho de celle du Christ avec son Père : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, mai seulement ce qu’il voit faire au Père[4]… ». Confiance absolue et totale qui n‘est pas passive mais plutôt passionnée et passionnante. Colette met une condition à cette confiance « Que vous répondiez fidèlement à toute l’étendue de votre vocation, dans la vigilance et la prière ». La confiance engage notre responsabilité. Les deux s’articulent et s’appellent l’une l’autre. Il s’agit d’une confiance qui nécessite de donner le meilleur de nous-mêmes et un engagement qui se reçoit dans une confiance totale à plus grand que nous.

 

Passer par Saint-Damien, à l’école de Colette, c’est passer par différents autres lieux sources (Besançon, Poligny, pour rester dans la région) pour rechercher les fondations, les fondements de votre vie. C’est aussi en ressortir pour vivre l’aventure évangélique là où l’Esprit-saint et l’Eglise vous envoient.

Vous fêtez, sœurs, les 10 ans de présence à Ronchamp. Dix années où les murs et les espaces s’imprègnent de votre présence, de votre prière et de votre fraternité. Si les architectes, et qu’ils en soient remerciés, ont su façonner cette colline jouant avec l’espace et la lumière, c’est votre vie évangélique qui fait de cette maison une véritable habitation : la vôtre, celle de Dieu.

Que Sainte Colette continue à vous faire goûter sa radicalité, son audace et sa confiance pour que vous marchiez toujours plus « confiantes, joyeuses et alertes, sans inquiétude sur le chemin du bonheur[5] ».

 

 

[1] Cf TCl, 10 et suivants

[2] Lc 6,48

[3] Jd 13,18-20

[4] Jn 5,19 mais aussi Jn 8,28

[5] 2 LAg 13


 

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Colette, architecte ?

Evocation de la vie de « notre » sainte par sœur Marie-Laetitia

Un arbre aux feuilles vertes et aux fleurs d'or, d'une odeur suave, poussait dans la loge étroite où Colette était recluse. Cet arbre était merveilleusement beau et de grande plaisance. A l'entour, une multitude de ravissants arbrissaux...

Au fond de sa cellule, ce déploiement appelait Colette à sortir. C'était la confirmation d'une voix entendue à l'instar de François d'Assise :

« Va, répare ma maison qui tombe en ruine ! »

 

Face à cet avenir inédit, inconnu, Colette résistait. Mais l'arbre de sa vie devait épancher toute sa sève et porter de nombreux fruits. Elle nota sur un petit rouleau, ce qui était révélé et qu'il lui faudrait accomplir.

Pour mener à bien cette entreprise, devait avoir lieu une rencontre improbable entre la recluse de Picardie, un moine voyageant en Avignon et une grande dame séjournant en Savoie, prémices de la multitude d'arbrissaux aperçus dans sa vision, qui allaient la soutenir dans sa vaste mission.

 

Alors Colette devint pèlerine-étrangère en ce monde, pour défricher les sources de l'intuition de Claire d'Assise, la petite pauvre. Et voilà notre Colette à dos de mule ou en chariot pendant plus de quarante ans ! Le temps de l'exode !

Tiens comme Saint Nicolas, dont elle porte le nom, que l'on ne voyait jamais sans sa mule ! D'ailleurs, Colette, elle aussi, deviendrait la protectrice des enfants.

 

De Corbie à Nice, voyage long et périlleux, les aventuriers allèrent à la rencontre du pape Benoit XIII lui soumettre l'étonnante vocation de Colette.

Benoit XIII, pape ? Anti-pape ? Qui peut savoir en ces temps de trouble et de division ?!...

Qu'importe ! Colette poursuivrait son chemin à travers les chaos de l'Histoire.
Jadis, François eut l'audace de se présenter avec ses guenilleux de compagnons devant le fier Innocent III et sa grandiose cour. Deux siècles plus tard, Colette s'avançait devant le pape avec la même candeur. Celui-ci prit la bourse contenant le rouleau qu'elle avait écrit dans son reclusage de Corbie. Il s'accorda un temps de réflexion, d'autant plus nécessaire que certains sages cardinaux étaient hostiles, effrayés par l'austérité de la réforme et le jeune âge de la réformatrice.

Et le 14 octobre 1406, Benoit XIII accordait l'étonnant privilège de vivre pauvre, dans la pauvreté de Saint François d'Assise. Considérant que le reclusage lui avait tenu de noviciat, il reçut Colette en la sainte religion de sainte Claire, et la nomma « dame, mère et abbesse à perpétuité de toute la réformation » de l'ordre de Saint François.

Mais, elle-même, se présenterait toujours comme « sœur Colette, petite et humble ancelle et indigne serviteresse de nostre Seigneur, pauvre et inutile religieuse de l'ordre de Madame sainte Claire. »

 

Devenue indésirable dans sa ville natale, Colette et ses premières compagnes allaient vers un inconnu que Dieu leur préparait avec tendresse. Comme leurs futures héritières à l'abri du pèlerin, elles s'installèrent dans un provisoire durable ! C'est, paradoxalement, dans l'aile d'un château que la communauté de pauvres clarisses inaugurèrent leur refondation.

Quelques années après, la bonne ville de Besançon leur offrit leur premier

« vrai monastère » ! Elles furent accueillies par la population en liesse qui les acclamait :

« Une sainte est arrivée dans notre cité ! »
Des siècles plus tard, les sœurs venues de Besançon seraient, de façon plus sobre mais efficace, elles aussi, entourées de dévouement et de sollicitude, dans leur transplantation.

 

À peine avait-elle embrayé la réforme des sœurs, que Colette s'attaquait à celle des frères. L'humble ancelle mit toute son énergie et sa force de persuasion pour le couvent des Cordeliers de Dôle. Là où le père Henri de la Baume, son fidèle compagnon, s'était heurté à une impasse, Colette arriverait à vaincre les résistances ! Elle eut à supporter de la part de trois frères, obstruction, injures, moqueries, procès, et même tentative d'empoisonnement !

Mais avec une détermination enracinée dans sa confiance en Dieu, elle se montrait tenace pour mener à bien ce projet qu'elle avait reçu. Dans le sillage de Claire, Colette savait, non seulement, convaincre du bien-fondé de ses intuitions, mais emporter l'adhésion et susciter la générosité, l'enthousiasme.

 

Ce projet de vie et de lumière répondait si bien aux aspirations profondes tant des femmes venues la rejoindre au monastère de Besançon, que des hommes du couvent de Dôle. Ces premières reconstructions seraient comme des tremplins pour déployer l'oeuvre de cette architecte nommée Colette, à travers tout le pays et bien au-delà des frontières...

 


 

 
Dernière modification : 20/11/2021